Versaillais un jour…
Texte paru dans les Chroniques irrégulières de Philippe Rajsfus le 15 octobre 2020. Un texte toujours d’actualité après les dernières déclarations de P. Nora qui préfère commémorer le mégalomane et sanglant Napoléon Bonaparte que la Commune.
Qu’attendre de plus de ce gouvernement de Versaillais que des mauvais coups et d’horribles nouvelles ?
Il est apparemment devenu urgent de classer « monument historique » l’ignoble pâtisserie de style faussement byzantin qui coiffe la butte Montmartre, à Paris.
Cette verrue immonde, sortie du cerveau malade d’un architecte aux ordres ne mérite que la destruction et l’oubli. Nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à l’appeler de nos voeux, mais il va de soi que cet arasement passera un jour par une décision politique collectivement assumée.
Nos courageux dirigeants, apeurés par l’insurrection des Gilets jaunes puis par les mobilisations massives contre la casse des retraites, ont-ils imaginé, en imposant ce classement inutile, que les sanctions contre toutes les dégradations qui pourraient y être constatées seraient de ce fait alourdies, alors que se profile, d’ici quelques mois, l’anniversaire des 150 ans de la Commune de Paris au printemps 2021 ?
Ont-ils craint qu’une horde d’anarchistes, de révolutionnaires et d’activistes de toutes obédiences se fassent la main sur ce symbole de la répression sanglante de la Commune, à l’occasion de cet anniversaire ?
Elever ce bâtiment au rang de monument historique fait autant injure à l’architecture qu’à l’émancipation des peuples. On a les icônes qu’on mérite et on leur laisse bien volontiers, ce symbole de massacre et d’ordre moral pourri. Mais ce classement hystérique reste cependant une véritable provocation, annonciateur de jours sombres.
Comme en écho aux Thiers, aux Trochu (passé simple du verbe trop choir, comme l’écrivit V. Hugo) et aux sabreurs et massacreurs en chef comme Galliffet, l’actuel pouvoir en place continue le travail « d’expiation des crimes de la Commune » et valide la domination des possédants et des bien-pensants sur les gueux, à l’endroit même où l’insurrection populaire parisienne débuta, le 18 mars 1871. Une domination politique, économique et sociale sur toutes celles et tous ceux qui se battent pour un autre monde, celui de la solidarité et du partage. Pour que la table ne soit pas renversée et que l’ordre établi perdure aussi longtemps que possible, pour le plus grand profit de quelques-uns.
Qui a déclaré : « Versailles, c’est là où la République s’était retranchée quand elle était menacée. » ? (Vous le saurez en cliquant ici).
Le sabre et le goupillon ont été remisés dans l’armoire des accessoires désuets, mais le LBD, les « gestes techniques » et le JT de 20 heures s’y sont aujourd’hui très bien substitués, avec les mêmes buts de terreur et de domination.
Elle n’est pas morte !
Vive la Commune !
Philippe Rajsfus