Un poème sur la Commune
Un poème sur la Commune, de Elisabeth Chatenet. Institutrice et directrice d’école à la retraite.
Les communards incarnent « dans la mémoire collective, une grande cause, la plus grande de toutes peut-être : celle d’une société jaillie du plus profond d’eux-mêmes, où la justice, l’égalité, la liberté n’auraient plus été des mots vides de sens. Une utopie ? En tout cas, une grande espérance qui les dépassait de beaucoup, et dont ils furent à la fois acteurs et martyrs ».
Alain Gouttman historien
Pauvres gens morts de misère et de passion,
Lavandières et plombiers zingueurs,
Cordonniers, médecins, ingénieurs,
Voici venu le temps des commémorations.
Vous ne saviez pas en tombant sous les balles
Ou prisonniers dans les bagnes
Qu’un jour on vous absoudrait du mal,
Que vous seriez délivrés de la hargne
Du pouvoir, des bons bourgeois satisfaits.
Coupables d’avoir rejeté les méfaits
Des agioteurs, des privilégiés, des richards,
Vous étiez les horribles communards.
Cent cinquante ans plus tard,
Ce que vous demandiez, ce que vous avez fait
N’est toujours pas établi.
On discute toujours de ces plaisanteries :
La force du peuple contre les nantis,
L’église rendue à ses prières,
Aux femmes l’égalité des salaires.
On a donné des rues et des boulevards
Aux rebelles mais bien trop tard.
Pottier, Clément, Varlin, Vallès et Blanqui,
Le mur des fédérés au Père Lachaise,
Des tableaux de louanges aux cimaises,
Mais ils ne croyaient pas au paradis.
Et dans toutes les communes
On a rendu hommage à Thiers,
Le traître fossoyeur de votre infortune.
Là-haut sur la butte familière, à Paris
Trône l’immonde religieuse,
Chef d’œuvre de la bigoterie,
Cher aux touristes, avides d’images pieuses.
Alors laissez-là vos hommages,
Vos discours creux et votre faux langage.
Respectez le silence qu’on doit aux visionnaires,
Aux imaginatifs, aux rebelles adversaires.
Un de mes arrière grands-pères fut déporté après la Commune, il s’appelait Langlois, il était menuisier (E.C.)