L’Ut en chœur, une chorale engagée et humaniste

Entretien avec Marie-Anne Faurel, présidente de la chorale L’Ut en chœur.

FVLC  : Peux-tu nous parler de l’aventure de la chorale L’Ut en chœur ?

Marie-Anne Faurel : L’Ut en chœur est né en 2008 de la volonté d’un groupe de choristes et d’un chef de chœur, Jean-Claude Chambard, tous militants et engagés dans les valeurs de solidarité et souhaitant faire connaître, avec la qualité musicale de l’harmonie à plusieurs voix, les nombreux chants qui ont accompagné la souffrance et les luttes des classes populaires. 
Regroupés en association loi 1901, ils ont choisi leur nom et leur logo, qui illustrent leur forte identité et ils se sont domiciliés à la MACVAC du XIXe, au plus près des Parisiens les moins favorisés.

Réunis tout d’abord dans le Centre d’animation du bas Belleville, les choristes, toujours plus nombreux, ont dû rechercher un autre lieu plus vaste pour leurs répétitions.
C’est alors la Bourse du travail de Paris qui, en 2016, a bien voulu nous accueillir ; et c’est dans ce lieu symbolique des mouvements ouvriers que se tiennent nos répétitions, malheureusement interrompues depuis les mesures sanitaires.

Au cours de toutes ces années, L’Ut en choeur a engrangé un répertoire d’une centaine de chants de factures musicales très différentes. 
Notre chorale a donné de très nombreux concerts dans la ville et parfois hors les murs, participant volontiers à toutes les initiatives des élus et des associations, des quartiers Nord de Paris, notamment.
Elle a fêté en 2019 son dixième anniversaire avec un spectacle qui a illustré l’histoire des luttes en France et dans le monde au cours de ces dix années. 
En 2020, malgré toutes les contraintes sanitaires, nous avons continué à nous réunir virtuellement. Et, plus encore, nous avons réussi à chanter ensemble, avec de petits moyens, sur nos ordinateurs ou nos smartphones, pour enregistrer et publier plusieurs vidéos, dont celle de La Complainte du virus.
On n’abat pas si facilement L’Ut en chœur et on ne le fera jamais taire !

FVLC  : Votre répertoire est tout à la fois engagé et très international…

M.-A. F.  : Oui, notre engagement ne s’arrête pas aux frontières, car les peuples vivent partout l’exploitation, la misère et la guerre. Nous sommes farouchement solidaires de leurs luttes, aussi bien celles du mouvement des droits civiques en Afrique du Sud, que la résistance des Basques espagnols ou des Italiens à la dictature, celle des Catalans, les révolutions en Amérique latine, les luttes ouvrières dans tous les pays, sans oublier les combats sociaux en France, en Angleterre et ailleurs. 

Nous luttons contre le racisme et la xénophobie en faisant nôtre le combat des peuples du monde entier. Nous chantons leurs chants dans leurs langues : zoulou, italien, espagnol, anglais, portugais.

FVLC  : Qu’avez-vous préparé pour les 150 ans de la Commune  ?

M.-A. F.  : Il était important pour nous de célébrer la Commune de Paris. Non pas comme une commémoration parmi d’autres, mais avec toute la dimension politique qu’elle représente. Si l’histoire n’a pas oublié cet événement si éphémère, c’est par sa dimension à la fois tragique et porteuse d’espoir. C’est que, malgré la répression et les massacres qui l’ont anéantie, elle restera le symbole de l’aspiration du peuple à diriger sa vie, libéré de la férule des puissants.

Donc, bien évidemment, nous travaillons depuis plus d’un an le répertoire très riche des chants de La Commune. Elle a inspiré de nombreux auteurs, y compris cent ans après, comme Jean Ferrat, mais beaucoup étaient eux-mêmes engagés dans la lutte en 1871.
Cela n’a pas été facile avec le confinement de poursuivre cet apprentissage. Mais nous avons réussi, grâce à la volonté de tous et grâce à notre cheffe de chœur, Camille Martin, qui nous accompagne avec enthousiasme et brio depuis maintenant deux ans.

FVLC  : Et après les 150 ans de la Commune ?

M.-A. F.  : Eh bien, nous espérons que la vie reprendra un cours normal pour pouvoir envisager la suite dans de meilleures conditions et avec encore de nombreux projets. 

Mais, pour le moment, nous nous concentrons sur les prochains concerts encore prévus jusqu’à la fin de l’année, puisque certains ont dû être reportés, pour célébrer la Commune et les communards comme ils le méritent !Et nous espérons ainsi motiver encore de nouveaux choristes à nous rejoindre.

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