La Sociale Maker, fanzine communs Commune
Rencontre avec Marie et Xavier graphistes à l’origine du fanzine la Sociale Maker.
FVLC (Faisons vivre la Commune !) : Peux-tu nous parler de l’origine du projet et pourquoi vous avez choisi cette forme ?
Marie : À l’occasion des 150 ans on a eu envie de produire des petits objets, des choses à mettre dans la poche, pour vivre la Commune autrement… Le format fanzine est le bon support pour intégrer des idées plastiques comme le dessin et la photo, et des contenus plus généraux qui relèvent de l’histoire et du politique. Il permet en effet de produire des images et du texte et de les mettre ensemble facilement, sans trop se poser de questions, de réfléchir en faisant.
Xavier : Nous avons eu l’idée de faire le lien avec les fablabs. Ce sont des ateliers partagés où des gens – les “makers” – se retrouvent pour fabriquer des objets. Ils proposent un autre rapport au travail et à l’apprentissage, plus collaboratif et horizontal… Pourtant ces questions n’y sont pas formulées de façon politique, car l’important reste le « faire ». On a voulu établir ce lien dans la Sociale Maker car on sent qu’il existe.
Les communs, les partages, la solidarité, sont au menu de ce premier numéro, pouvez-vous nous en dire plus ?
M. : Dès le départ, Xavier a fait le rapprochement entre les deux mots : la Commune et les Communs. Ce mot revient sans arrêt dans le discours des makers. Par exemple, les communs naturels, ou la pédagogie et l’information, tout ce qui est lié à l’open-source dans le monde numérique… La technologie évidemment tient une place fondamentale, mais autant que les savoir-faire et les outils partagés.
Pour ce premier numéro, j’ai proposé le thème des cantines populaires parce que l’alimentation, c’est primordial. J’ai découvert des initiatives citoyennes fortes pendant la crise du COVID, pour remédier aux conséquences sociales destructrices de l’épidémie. Et en me documentant sur la Marmite, le resto coopératif fondé peu avant la Commune par Nathalie Lemel, le parallèle sautait aux yeux. À 150 ans d’intervalle, l’engagement reste le même, jusque dans les mots, identique dans les actions, dans l’horizon, dans l’utopie.
X. : Avec les 150 ans, on a profité de tout le travail fait en amont par FVLC (Faisons vivre la Commune )) et par Michèle Audin par exemple. C’était très inspirant et ça nous a permis de faire le lien entre les deux sujets. Si FVLC n’avait pas existé, le fanzine n’aurait pas vu le jour, c’est certain.
M. : Nous avons la même volonté de commémorer la Commune à partir du présent. La Commune n’est pas morte. C’est exactement le type de lien qu’on cherche à explorer dans la Sociale Maker.
Au-delà d’une édition papier, avez-vous également prévu d’autres formes d’expression ?
X. : On est parti d’images à l’origine, comme les gravures d’Auguste Raffet qui avait dessiné des personnages en pied, avec leur costume militaire ou révolutionnaire. On s’est posé la question des images et des formes qu’elles pouvaient prendre. On parlait d’objets comme des autocollants ou des tee-shirts, on réfléchissait à ce genre d’objets du quotidien.
M. : Le Simplon Lab, dans le XXe arrondissement, nous a accueillis en résidence, et ça nous a ouvert la possibilité de produire en petite série. C’est un thème que les makers interrogent beaucoup : qu’est ce que c’est produire aujourd’hui ? C’est quoi la surproduction, la surconsommation ? Au regard du “fabriquer ensemble”, pour apprendre et se former, vraiment à l’œuvre dans les fablabs.
Toute une communauté de jeunes créateurs indépendants y développent des objets merveilleux, qu’on peut s’offrir pour se faire plaisir, ou parce qu’on en a besoin. Ça nous donne envie, à nous aussi, de fabriquer des choses. On aimerait faire des badges, pour le côté punk et aussi des cartes ou de la papeterie, parce que c’est un prolongement du travail du papier avec le fanzine.
Comment participer au fanzine et comment se le procurer ou aider à sa diffusion ?
M. : Pour la participation, par exemple, on a rencontré Elodie Barthélémy qui a travaillé sur les ballons de la Commune. Elle nous a beaucoup aidés pour notre numéro 1, à nous documenter sur Thomas Casimir Regnault, une sorte de maker de l’époque. Il fabriquait des ballons pour distribuer des tracts. C’est une histoire incroyable qu’on a pu raconter dans le fanzine. Il y a aussi Marc Plocki de FVLC, qui nous a mis en relation avec Christiane de la cantine populaire de la Flèche d’or. C’est hyper utile pour nous. Comment nous aider ? En venant nous parler de toutes ces personnes et ces collectifs qui s’engagent aujourd’hui sur les mêmes thèmes qui poussaient déjà les communards à l’action il y a 150 ans. C’est vraiment le thème du fanzine et c’est tellement riche qu’il faut énormément de rencontres et de mises en lien pour, non pas faire le tour parce que c’est impossible, mais au moins témoigner de ce qui se passe aujourd’hui.
Quant à la diffusion, le fanzine est photocopié, agrafé à la main, et on l’a mis en dépôt-vente dans la boutique de la Coopérative Pointcarré à Saint-Denis, ainsi qu’à la Librairie Sans titre à Paris. On a aussi numérisé une version pdf, bien pratique pour diffuser notre travail. Le but n’est pas d’acquérir de la notoriété, mais d’arriver jusqu’aux gens qui s’intéressent et qui… auraient leur place dans le fanzine !
X. : Pour la fabrication, travailler au Simplon Lab a été vraiment une aide, avec plein de moyens techniques et de l’espace pour faire des essais. Et d’un point de vue rédaction, édition, diffusion… si il y a quelqu’un avec l’envie de faire des prolongements, par exemple sur le web, toutes les rencontres sont intéressantes.
M. : Le fanzine s’appelle La Sociale Maker, c’est volontairement quelque chose qui appelle au collectif.
X. : Oui et toutes les initiatives sont les bienvenues, qu’elles soient concrètes, pour aider à l’impression ou au façonnage, ou bien pour nous inspirer et juste nous encourager pour la suite.