Elle n’est pas morte !

EUGÈNE POTTIER

En 1886, le souvenir de la terrible répression de la Commune est loin d’être éteint, et le désir de revanche toujours vivace. C’est l’année où Eugène Pottier, également auteur des paroles de L’Internationale, va écrire en 1886 Elle n’est pas morte ! Vieux poète révolutionnaire, déjà du côté des insurgés en juin 1848, Eugène Pottier prendra une part active à la Commune. Ayant pu se réfugier en Angleterre, puis aux États-Unis, il rentrera en France en 1880, après l’amnistie, participant plus tard à la création du Parti ouvrier français. La chanson est dédiée aux survivants de la Commune.
Une belle version de Marc Ogeret dans l’album Autour de la Commune paru chez Vogue en 1968 et ci-dessous une version enregistrée en public par le collectif La Commune en chantant. Retrouvez l’intégralité du concert du collectif sur notre page La Commune en chantant – le concert

Elle n’est pas morte !

On l’a tuée à coups d’chassepot,
À coups de mitrailleuse
Et roulée dans son drapeau
Dans la terre argileuse
Et la tourbe des bourreaux gras
Se croyait la plus forte

Refrain
Tout ça n’empêche pas, Nicolas
Qu’la Commune n’est pas morte  !
(Bis)

Comme faucheurs rasant un pré,
Comme on abat des pommes,
Les versaillais ont massacré
Pour le moins cent mille hommes.
Et ces cent mille assassinats
Voyez c’que ça rapporte.

Refrain

On a bien fusillé Varlin,
Flourens, Duval, Millière,
Ferré, Rigault, Tony Moilin,
Gavé le cimetière.
On croyait lui couper les bras
Et lui couper l’aorte.

Refrain

Ils ont fait acte de bandits,
Comptant sur le silence,
Ach’vé les blessés dans leur lit,
Leurs lits d’ambulance
Et le sang inondant les draps,
Ruisselait sous la porte.

Refrain

Les journalistes policiers,
Marchands de calomnies,
Ont répandu sur nos charniers
Leurs flots d’ignominies.
Les Maxim’ Ducamp, les Dumas
Ont vomi leur eau-forte

Refrain

C’est la hache de Damoclès,
Qui plane sur leurs têtes.
À l’enterrement de Vallès
Ils en étaient tout bêtes.
Fait est qu’on était un fier tas
À lui servir d’escorte  !

Refrain
C’qui vous prouve en tout cas, Nicolas
Qu’la Commune n’est pas morte  !
(Bis)

Bref, tout ça prouve aux combattants
Qu’Marianne à la peau brune,
Du chien dans l’ventre et qu’il est temps
D’crier  : vive la Commune  !
Et ça prouve à tous les Judas
Qu’si ça marche de la sorte,

Ils sentiront dans peu,
Nom de Dieu  !
Qu’la Commune n’est pas morte  !(Bis)